Portraits de classe

La première séance est dédiée à la discussion et à la monstration d’images provenant du champ de la photographie contemporaine.

Il s’agit d’abord de comprendre l’usage que les élèves font déjà de l’appareil photo et de l’image : Ont-il un smartphone ou un appareil photo ? Utilisent-ils les réseaux sociaux ? Vont-ils voir des expositions ?

Il s’agit ensuite de leur soumettre un petit corpus de portraits photographiques et de les questionner dessus. L’enjeu est de comprendre ce que le portrait peut nous dire de l’autre et de la relation entre le photographe et le modèle. Les images sélectionnées appartiennent à différents types d’approches photographiques. L’une, intimiste, avec des images de Sian Davey, par exemple, l’autre plus objectiviste, avec des images de Rineke Djikstra ou Patrick Feigenbaum. Ils doivent s’interroger sur les conditions de prise de vue et il faut les amener à justifier leurs réponses : à votre avis, l’image est-elle prise sur le vif ou mise en scène ? Pourquoi le photographe a-t-il fait ce choix là ? Suivant la manière dont est prise la personne, la distance à laquelle le photographe se tient de son sujet, etc qu’est ce que l’image dit de la relation se jouant entre le photographe et le modèle ? Quelle est la relation entre les différents modèles ? Se connaissent-ils ? Sont-ils de la même famille ? amis ou non ? Justifier.

Ce temps doit leur montrer la diversité du portrait photographique mais aussi la manière dont l’image peut dire des choses plus complexes qu’il n’y paraît sur les rapports entre chacun.

Former des groupes
Les élèves sont amenés à considérer l’appareil photo comme un outil d’expression des relations de soi à l’autre. L’ensemble des images produites vont permettre de dresser une cartographie des relations entre les différentes élèves.

Ceux-ci sont mis par groupe de 2 puis de 3 à la troisième séance et de 4 à la dernière séance de prise de vue. En fonction des sessions de travail, ils sont confrontés à des élèves qu’ils ne connaissent pas et à d’autres moments avec des camarades dont ils sont plus proches. A l’issue de ces différentes sessions, les élèves sont invités à réfléchir à ce qui différencie les images prises de leurs amis et celles prises de camarades qu’ils connaissent moins.
Afin d’établir ces groupes, la première session débute par un travail de cartographie donné à chaque élève. A chacun est donné un trombinoscope sur lequel chaque enfant est amené à s’entourer et à tracer de lui aux autres un ensemble de flèches qui trace son réseau d’amitié.
Cette cartographie va servir de base pour former les binômes, trinômes etc travaillant ensemble. L’objectif est de faire démarrer la première séance de prise de vue avec des groupes d’amis, puis au fil des sessions de les amener à travailler avec des personnes qu’ils connaissent moins.

Les instructions
La seconde séance démarre sur de la prise de vue est doit débuter par une rapide initiation à la prise en main de l’appareil : capuchon, bouton d’allumage, etc avant de donner les instructions qui vont accompagner la prise de vue. Dans chaque groupe chacun sera à tour de rôle modèle et photographe. Chaque photographe devra tenter d’exprimer le rapport qu’il entretient avec la/les personne.s face à lui tout en s’emparant de manière singulière de l’espace de la cour. Les enfants pourront avoir en tête les images vues à la séance précédente et pourront dans un premier temps, prendre leurs camarades de loin puis de près, assis en face d’eux ou debout etc. Au fur et à mesure de ces sessions de prise de vue - qui doivent durer environ 1h - les enfants sont invités à sortir de leur zone de confort pour être face à des camarades qu’ils connaissent peu.

Le temps d’écriture
Les temps de production se déroulent en demi-groupe et pendant qu’une partie de la classe prend des photos dans la cour, l’autre reste en classe pour écrire. Le premier temps d’écriture se fait sous forme de listes. En les faisant travailler ainsi, l’idée est de garder un aspect ludique. Chacun est amené à faire un inventaire de la somme des choses qui peut définir son camarade de table. Il s’agit, dans un premier temps, de faire une description formelle, physique de l’autre. Dans un second temps, chacun est amené à deviner des choses à partir de ce qu’il voit de l’autre. Dans un dernier temps, chacun doit poser une somme de quelques questions à l’autre, afin de vérifier si ses intuitions sur l’autre étaient ou non bonnes. Chacun se retrouve alors avec un portrait de l’autre, avec ce qu’il voit, ce qu’il croit percevoir de l’autre et ce qui est véritablement. Cet exercice les amène à faire davantage la connaissance de leurs camarades et peut être une base dans leurs choix photographiques.

Un autre type de temps d’écriture est ensuite organisé à partir des images produites précédemment. Chacun doit choisir à partir des photos imprimées de la séance précédente, un portrait qu’il va commenter en quelques phrases. Il doit deviner des informations sur l’autre (son état d’esprit au moment de la photo, sa relation au photographe, etc) simplement à partir de l’image.

À partir de la troisième session, le temps restant est consacré au visionnage des images de la séance précédente. Durant ces séances les élèves sont amenés à faire l’acquisition d’un peu de vocabulaire photographique : premier plan, second plan, netteté, mise au point, plan large, plan serré, etc. Ce temps est aussi une manière pour eux d’analyser de manière ludique les images et de comprendre au fur et à mesure l’avancement de leurs productions.

À chaque élève est donné 3 feuilles A4 : une, rigide, qui servira de couverture et deux autres, plus légères qui seront les pages de leur livret. La dernière séance est consacrée à ce temps de production de l’édition. Il démarre sur une initiation à la reliure. Chaque élève est invité à faire son propre cahier avec un fil et une aiguille. Cette dernière étape se fait en classe entière.

Ce temps de production permet de faire comprendre aux élèves comment se fabrique un livre. C’est par cet objet que les élèves vont unir l’ensemble des productions graphiques (la cartographie à la première séance) écrites et photographiques. A chacun est donné sous un format A5, ses écrits, ses images et la cartographie produite. Ces éléments ont été préalablement scannés et imprimés afin de correspondre au format du livret (A5).

Chacun fera débuter son carnet par sa cartographie mise à jour. A l’aide d’un feutre de couleur, les élèves retracent les nouveaux liens crées au cours de l’année. Puis, ils composent selon leurs propres logiques leurs carnets qui doit exprimer sa place dans la classe et son rapport aux autres. Les élèves doivent donner une cohérence à l’ensemble en faisant communiquer textes et images déjà produits et en légendant les photographies sélectionnées.

À l’issue de ce temps, chaque élève a produit un livret, la somme de ces cahiers compose le livre présenté et donne à voir la manière dont chacun s’est emparé du portrait photo et écrit pour évoquer son rapport à la classe.